Je suis dur. Très dur. Et je fais du mal.

Peut-être que j’en demande trop. Oui. J’en demande trop aux personnes qui m’entourent. Je leur demande de lire en moi alors que je ne leur montre pas les pages. Je suis ce livre qui attend d’être lu mais qui se trouve trop haut. Je suis ce livre indigeste, écrit en tout petit. Celui qui rebute à la simple vue. Je suis souvent tenté de faire un résumé de moi-même, ou de proposer une version courte. Mais j’ai souvent cette impression qu’on se satisfait de cette version.

Lorsque je me suis aperçu que personne ne lisait en moi, j’ai mal agi. Je n’ai pas envoyé d’avertissement. Je vous ai demandé de lire en moi sans vous le dire et vous ai puni au moindre échec.

A elles, je leur ai demandé d’être là. J’ai voulu qu’elles sachent pour moi. Qu’elles connaissent ma peine. Celle dont j’ai dû me sortir seul. Je voulais qu’elles soient là chaque fois que je me suis retrouvé à pleurer dans la rue. Je voulais être là chaque fois qu’elles pleuraient dans la rue. Mais je me suis aperçu qu’elles avaient de la chance de s’avoir. Et depuis longtemps, je me suis senti à l’écart. Alors j’ai été dur.

A lui, je lui ai demandé de penser à moi. Parce qu’il a ce que je n’ai pas. Parce que parfois j’ai l’impression qu’il ne sait pas la chance qu’il a. Parce qu’il m’a blessé en me disant qu’on ne pouvait pas tout avoir. Parce qu’il est devenu lointain alors qu’il était devenu si proche. Parce qu’il m’a abandonné. Alors j’ai été dur.

A lui, je lui ai demandé de ne pas vivre sa vie. Il n’en avait pas le droit. J’avais peur de revivre les cauchemars de l’année écoulée. Peur de revivre une situation déjà vécue et pleurée dans laquelle j’observais se faire les choses sans pouvoir agir. Des choses qui font se toucher deux garçons que j’aime. Des choses qui me font devenir l’intrus. Alors j’ai été dur.

A lui, je lui ai demandé de ne pas me toucher. Ce n’est pas possible entre nous. Même si l’alchimie veut que nous nous cherchions toujours des mains, je ne pouvais pas le laisser me pénétrer s’il n’était pas que pour moi. Parce qu’il n’est pas à moi. Parce qu’il ne me regarde pas comme ça. Parce qu’il les regarde tous comme ça. Parce qu’il ne m’aime pas comme ça. Alors j’ai été dur.

A lui, je lui ai demandé de me toucher. Parce que c’est ce qui aurait dû se passer entre nous. Parce que c’était l’évolution logique. J’avais réajusté mes sentiments. J’étais confiant et à l’aise avec lui. Parce qu’il n’y avait plus d’ambiguïté. Mais il a fait une erreur. Il m’a ouvert son coeur. Parce que nous ne devons pas nous aimer comme ça. Alors j’ai été dur.

A lui, je lui ai demandé de ne pas s’en approcher. Parce que je ne m’étais pas fait à l’idée qu’il allait vers celui qui n’était plus à moi. Parce que je ne voulais pas le perdre aussi. Parce que je le connais peu mais l’aime tellement. Je ne voulais pas qu’il mélange tout. Je ne voulais pas devenir l’intrus. Alors j’ai été dur.

Et au final. Je suis une personne seule. Je l’ai toujours été. Et pour me protéger, je me suis couvert de pics. Je suis devenu un hérisson. Un hérisson qui fait mal au moindre toucher.

Ce n’est pas juste pour vous. Pardon.

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